Bella e perduta

de Pietro Marcello, avec Tommaso Cestrone, Sergio Vitolo, Gesuino Pittalis, Italie, France, 2016, 1h27

Synopsis

Tommaso, simple berger, veille jusqu’au jour de sa mort sur un palais abandonné dans la région de Naples en proie aux pillages et réduit à l’état de décharge par la camorra. Polichinelle émerge alors des profondeurs du Vésuve pour accomplir sa dernière volonté : prendre soin d’un jeune buffle. Ils voyagent ensemble à travers les paysages sublimes de l’Italie. Entre mythe et réalité, une fable sur l’Italie contemporaine, belle et perdue …

Avis Cinélangues

Un film magnifique, riche de références littéraires et civilisationnelles, entre documentaire et fantastique, une fiction dense et poétique. Campanie, terre de Camorra, de buffles et de Polichinelle. Un voyage en Italie du ventre du Vésuve aux nécropoles étrusques, entre l’enfer de la mafia et le paradis d’une terre bénie par la nature et la création artistique, entre mort annoncée et volonté de célébrer la vie, la liberté et la beauté. Le film pourra être l’occasion d’un travail sur les richesses et les fléaux de ce pays de culture et de contrastes. Pour en jouir pleinement il faudra programmer la projection en fin de parcours afin que les élèves aient pris connaissance des faits de société auxquels le film fait référence sans vraiment les expliquer.

Inspiré par l’oevre de Corrado Alvaro Viaggio in Italia, le film avait était conçu comme un documentaire, mais au fil du tournage l’histoire de ce berger épris d’amour pour le palais royal de Carditello a pris le dessus et le documentaire est devenu une fiction recentrée sur le berger et le buffle Sarchiapone, dont le périple va être le fil conducteur. En toile de fond les biens du patrimoine laissés à l’abandon dans une Italie trop riche de trésors artistiques, ainsi que les prévarications de la Camorra sur le territoire, la « terra dei fuochi » et sa pollution, mais également l’amour pour la nature et sa beauté ancestrale, la recherche d’un retour à la terre, aux rapports humains gratuits, au respect de la vie…tout cela à travers Polichinelle, personnage de la tradition napolitaine, et la présence de cet animal méconnu mais typique de la région, qui par sa douceur et sa fragilité symbolise la terre toute entière mise à mal par les intérêts liés à l’argent et au pouvoir.

Pour approfondir on pourra proposer un travail en parallèle sur les textes des auteurs cités dans l’oeuvre filmique : de Lo cunto de li cunti de Gianbattista Basile à Anna Maria Ortese (Il silenzio della ragione, ne Il mare non bagna Napoli), de Piovene à D’Annunzio. Les hypothèses de travail sont donc très variées et sauront ravir nos spectacteurs les plus exigeants.

Public conseillé : Lycée – Cycle terminal

Notions : Espaces et échanges, L’idée de progrès, Lieux et formes du pouvoir, Mythes et héros

Documentation : Sur Tommaso CarditelloSur la mort de Tommaso CarditelloSur la restauraution de la « reggia di Carditello » :Il vero eroe della Reggia scordato dalla politicaSur la « reggia di Carditello »Sur le film