Lettres siciliennes

(Iddu – L'Ultimo padrino), de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza, avec Toni Servillo, Elio Germano, Daniela Marra, Barbora Bobulova, Giuseppe Tantillo, Italie, 2024, 2h10

🇮🇹 Italien Lycée Nouveauté

Synopsis

Sicile, au début des années 2000. Après plusieurs années de prison pour collusion avec la mafia, Catello, homme politique aguerri, a tout perdu. Lorsque les services secrets italiens sollicitent son aide pour capturer son filleul Matteo, le dernier chef mafieux en cavale, Catello saisit l’occasion pour se remettre en selle. Homme rusé aux cent masques, illusionniste infatigable qui transforme la vérité en mensonge et le mensonge en vérité, Catello entame une correspondance improbable et singulière avec le fugitif, cherchant à profiter de son vide affectif. Un pari qui, avec l’un des criminels les plus recherchés au monde, comporte un certain risque… Librement inspiré de faits réels. Les personnages du film sont cependant le fruit de l’imagination des auteurs. La réalité est un point de départ, pas une destination.

Avis Cinélangues

Le récit s’inspire du destin de Matteo Messina Denaro, chef mafieux qui fit trembler la Sicile et ne fut arrêté qu’après trente ans de cavale. Les deux réalisateurs ont déjà signé deux autres films sur le sujet, Salvo, en 2013, et Sicilian ghost story, en 2017. Lettres siciliennes clôt la trilogie. Catello, ancien proviseur devenu un élu véreux, vient de purger une peine pour différentes malversations. Les services secrets italiens obligent Catello, ami du père de Matteo, à entrer en contact avec lui par des lettres manuscrites. Ils espèrent lui extorquer ainsi des informations qui leur permettront de le débusquer. Ces missives sont envoyées sur des petits papiers pliés (les pizzi), dissimulés parfois jusque dans les entrailles des poissons.

Lettres siciliennes est un film sur la mafia qui casse les codes habituels du genre. Il évite d’enchaîner les trahisons, les vengeances, les fusillades et les exécutions. Il bascule plutôt volontiers vers la comédie noire, grâce à ses deux personnages que tout oppose, brillamment campés, sur des registres aux antipodes, par le glacial Elio Germano (Matteo) et le protéiforme Toni Servillo (Catello). La mise en scène très soignée s’appuie sur des huis clos : celui de la planque de Matteo, comme celui de l’appartement exigu où la famille ruinée de Catello doit s’entasser. La réussite du film réside également dans ses figures féminines, auxquelles Fabio Grassadonia et Antonio Piazza ont accordé une importance accrue. Elles se révèlent souvent plus intelligentes et plus cyniques que les hommes qu’elles accompagnent bon gré mal gré.

Public conseillé : Lycée

Eléments du programme :

Seconde : Vivre entre générations, Le passé dans le présent

Cycle terminal : Art et pouvoir (L’art comme contre-pouvoir, participer à la diffusion d’une culture antimafia), Espace privé et espace public (De l’espace privé à la politique, de l’espace public à l’intime), Citoyenneté et mondes virtuels (le rôle des médias dans les rapports sociaux)

Dossier et/ou liens pédagogiques : Matériel communication Dossier de presse